La fabrication des laques (1971)

Publié le par thierryvatin

Laque_QueHuong.jpgAvez-vous déjà vu de beaux laques ? Ces objets sont de véritables œuvres d’art, aussi brillants que la porcelaine émaillée. Sans doute le terme “laque” évoque-t-il pour vous des pays orientaux comme la Chine, le Japon ou la Corée, mais saviez-vous que certains des plus beaux laques se fabriquent à Okinawa ?

Presque toujours, les objets en laque sont faits de bois. On fabrique avec cette matière des vases, des plateaux, des plats et d’autres objets. Travaillé, le bois est parfois d’une minceur étonnante, aussi fin qu’une feuille de papier. Après l’application de nombreuses et minces couches d’une laque spéciale, l’objet est pourtant d’une dureté et d’une résistance remarquables.

Un beau laque ne donne pas de signe d’usure, même au bout de plusieurs centaines d’années. Un navire qui fit naufrage contenait une collection de laques que l’on réussit à récupérer dix-huit mois plus tard. En 1878 on exposa cette collection à Vienne. Son long séjour dans la mer ne l’avait pas endommagée.
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La laque provient de la sève d’une variété de sumac, le Rhus verniciflua, qui pousse en Chine, au Japon et dans d’autres pays orientaux, et qu’on appelle communément “l’arbre à laque”. Si la laque japonaise est considérée comme de qualité supérieure, on pense que c’est parce que les Japonais ne saignent les arbres que durant les mois de juin et de septembre, alors que la sève est la meilleure.
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Il y a des millénaires les Chinois mirent au point l’art de fabriquer des laques. On a découvert des objets laqués qui datent de la dynastie des Han (206 avant notre ère à 220 de notre ère). Plus tard, les Japonais apprirent cet art des Chinois. Ce fut vers l’an 714 de notre ère que des explorateurs japonais visitèrent l’archipel des Ryu kyu dont Okinawa est l’île la plus grande. Ce sont ces explorateurs, pense-t-on, qui apportèrent dans l’archipel les premiers objets en laque. Dans son ouvrage Coutumes et culture d’Okinawa (angl.), Gladys Zabika écrit : “En 1437, sept habitants d’Okinawa se rendirent au Japon pour étudier les techniques de la fabrication des laques. Ils revinrent quelques années plus tard et enseignèrent cet art à d’autres personnes.”
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Le même auteur dit : “Les plats et les plateaux brillants jouissaient d’une si grande popularité parmi les insulaires que ceux-ci se livrèrent à des expériences dans le dessein d’améliorer la qualité de ces objets. Ils réussirent à développer un nouveau procédé et à améliorer les matières à tel point que les laques d’Okinawa sont devenus célèbres et sont considérés comme les meilleurs de l’Orient.”

Une des caractéristiques qui distinguent les laques d’Okinawa est due à la méthode particulière utilisée pour préparer la base d’argile. Le bois et les autres matières premières sont également différents de ceux qu’on utilise ailleurs.

Le bois employé ici provient généralement d’arbres indigènes. Il est très léger, ne se crevasse guère et est très résistant, même dans un climat humide.

Les billes doivent être bien séchées, car un bois vert risquerait de se déformer après le façonnage. Les morceaux de bois de grosseurs appropriées sont transformés, à l’aide de tours électriques, en plats, en vases, en plateaux et en d’autres objets.
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Ensuite, on enduit ces objets d’une pâte spéciale. Jusqu’à une époque récente — il y a environ un an — cette pâte était un mélange de sang de porc, d’argile et d’huile d’abrasin. Aujourd’hui, on utilise une pâte synthétique. Elle est plus résistante et ne s’écaille pas facilement.

Quand la pâte est sèche, l’objet à laquer est poli au moyen de papier de verre et d’autres abrasifs. Ensuite, on l’enduit d’une couche de laque qu’on laisse sécher et qu’on ponce ensuite au charbon de bois. Cette opération est répétée de nombreuses fois.
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Quand la dernière couche de laque est bien sèche, on orne les objets de divers motifs. À Okinawa, on se sert de trois techniques principales. La première utilise la nacre. Pour réaliser la seconde, dénommée tsuikin, on étend la laque colorée au rouleau de manière à former de minces feuilles dans lesquelles on découpe des plantes et des fleurs — bananiers, ketmies, fleurs de deigo, bambous, etc. — que l’on applique sur l’objet à décorer. La troisième sorte de décoration, appelée makie, consiste en motifs peints à la main.
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Bien que la qualité des laques varie considérablement, il suffit d’examiner ces objets pour se rendre compte qu’il s’agit de véritables œuvres d’art.

Publié dans Japon

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